Un homme et des chevaux |
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13 octobre, plage des Saintes-Maries-la Mer, 50 km/h de mistral, un soleil radieux. Voilà pour l’ambiance du dernier jour de tournage en extérieur de Gazelle, le film de Jean-François Pignon. Gazelle, Gazelle, ça vous dit quelque chose ? Elle a été la jument tant aimée (et l’aimant tant) avec laquelle Jean-François a tout tenté (parfois avec maladresse), tout fait, tout vécu, y compris ce chemin vers une foi profonde qui le guide au quotidien. Sur la plage les techniciens arrivent décontractés. Océan de sable, une mer infinie qui jouxte un étang où somnolent d’ineffables flamants roses, tendance flegmatiques. Cette scène rend hommage à tant de galops avec Gazelle, dans cet univers de dunes, de miroitement du soleil et de l’eau. La troupe juments (pleines) et étalon se prête avec calme à ce que leur demande Jean-François : escalader les dunes, les redescendre, une fois, deux fois… dix fois. Seule trublionne, Petit Cœur, la ponette, qui elle est en chaleur. Et dont les courtes pattes vont se fatiguer de tous ces allers-retours. Au point de faire sécession dès qu’elle le peut, feignant de ne pas avoir entendu qu’on l’appelle. Elle sera aussi la seule à se régaler (c’est peu dire) avec l’eau de mer, l’avalant un peu à la façon d’un tamanoir. La fin de matinée est consacrée aux dunes d’où la harde doit jaillir. C’est dans la boîte vers 13 heures, avec casse-croûte de paille au bord de la mer (d’où l’engouement de Petit Cœur). J’apprends la que la suite du tournage se fait avec prise de vue depuis un hélicoptère. Et que c’est celui (et le même pilote)de la pub Hermès réglée par JF, pour le parfum Voyage. Et je comprends que nous, les bipèdes, mangerons plus tard (à vrai dire la pizzéria est un peu loin). En attendant, j’attends l’arrivée de Supercopter qui se fait un peu attendre (mais, bon, c’est un tournage…). Un moustique se pointe au loin, un peu plus gros que les autres (nous sommes en Camargue) et c’est lui. 20 mètres au-dessus de l’eau, c’est très impressionnant, pour nous, pour les chevaux. Mais grâce à la force de la relation qui les unit à JF (et à la présence constante, efficace, de David, son palefrenier), ce drôle de moustique ne les impressionne pas très longtemps. L’après-midi est consacrée à filmer d’en haut (nous autres journalistes, photographes sommes planqués dans les dunes, au milieu des chardons, pour être hors cadre) l’arrivée de la troupe au galop, avec JF en monte à cru, bras ouverts vers le ciel en lequel il croit tant. Grosse fatigue de certaines juments, ras-le-bol de Petit Cœur, cadrage enregistrant des promeneurs… Une, deux, trois prises : un break s’impose avec vérification des images. Il faut reprendre. L’hélico redécolle, la prise suivante voit la horde s’éparpiller (Petit Cœur réclame les 35 heures, ses RTT…). La dernière est la bonne, avec une cohésion extraordinaire emmenée par un JF rayonnant. 17 heures, le pilote repart faire le plein à Montpellier, nous cherchons les sticks balancés ça et là, rassemblons les seaux. L’équipe tournera demain des scènes au box, ce qui permettra à la troupe de se reposer. Je repars avec de sacrées sensations ou des sensations sacrées parce que ce qui s’est passé est hors du commun. Et sans oublier que c’est le fruit d’un travail colossal. Et inspiré. DL Repessé |