Pierre Jonqueres D'Oriola est décédé le 19 juillet 2011

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Per molts anys, Pierrot

 

Novembre 2006. « Monsieur, je cherche la maison de M. Pierre Jonquères d’Oriola… » Il règne sur les Pyrénées-Orientales une douceur exceptionnelle et je réveille en sursaut le vieil homme qui somnole sur un banc à côté de l’église de Corneilla del Vercol. « Ah, Pierrot, c’est là-bas, en haut de la rue des Cavaliers. »

Je viens de trahir le fait que je suis « gabatx », « d’ailleurs » en catalan. Chez lui, on parle de Pierrot.

Quelques semaines plus tard je serai chargée de l’insigne honneur d’être la présentatrice de sa soirée d’anniversaire. J’appelle ses neveux, ses proches, le milieu équestre. La pudeur catalane est au rendez-vous mais pas un ne se dérobe. Les mêmes mots reviennent : « Gentillesse, disponibilité, intérêt pour les autres… » Le mythe, la légende ? Ce n’est pas ce qui les touche.

« C’était facile de le voir, il sortait avec ses chevaux, il ne travaillait pas en manège. Alors il suffisait de se promener pour le rencontrer. Et il avait toujours un mot pour nous. »

Mais tout de même, les victoires aux Jeux olympiques, la Coupe des nations ? « Nous, on savait qu’il était le meilleur. Un Catalan, quand ça veut ça peut tout ! »

Les enfants du village qui ont grandi à côté de lui se souviennent qu’ils rentraient dans la cour de la maison et qu’on ne les en chassait pas. « Nous savions que les chevaux étaient des cracks mais il n’y avait pas de gardes du corps pour nous empêcher de les approcher. D’ailleurs beaucoup d’entre nous avaient des chevaux là-bas. Alors, c’était normal, nous étions entre passionnés. »

« Bien sûr, nous étions fiers. Pensez, on parlait de Corneilla dans les journaux du monde entier. La télé venait là. Monsieur Zitrone, il est venu filmer Pomone. Mais pour nous ça ne changeait rien. Ailleurs c’était Pierre Jonquères d’Oriola, nous c’est, et ça a toujours été comme ça, Pierrot. »

Et quand l’Ecurie des Balzanes, sous la férule de Rosy Cotaina à Rivesaltes, lui « offre » une avenue Pierre-Jonquères-d’Oriola, il ne cachera pas ses larmes lorsque les petits Galops 1 lui feront une haie d’honneur.

Pas plus qu’il ne dissimulera son émotion lorsque, une fois encore, M. Le Gall, du Comité départemental de la Jeunesse et des Sports, et M. Romans, du Comité départemental olympique et sportif, évoqueront ce lien exceptionnel qui l’unissait à Ali Baba, Lutteur B, Voulette, Pomone, Tornebride Moet et Chandon et tant d’autres encore.

Car en cet homme immense, quoique petit par la taille (d’aucuns l’appelle le « Petit grand homme »), bat un cœur qui ne se lasse pas des autres, qui semble même parfois s’étonner de tant d’honneurs.

Si les récompenses officielles lui ont paru amplement méritées, ce qui, sans doute, l’émeut plus encore, c’est l’amitié et la tendresse de ceux pour qui il est Pierrot.

Et nous avons eu le privilège de le voir découvrir son gâteau d’anniversaire avec l’émotion de celui qui parle le langage du cœur. Celui par lequel, sans nul doute, il nous a fait rêver, mais, plus grand encore, par lequel cet homme-là nous donne tant.

Un vrai gentilhomme catalan !

Emmanuelle Coquil

(Dominique-Laurence Repessé)