La transhumance des mérens

 

 

 

 

 

La randonnée fantastique

Le Canigou, vous connaissez sur les cartes. Mais il y a mieux : le contourner au beau milieu d’un troupeau de mérens que vous redescendez vers la plaine pour l’automne. De la frontière andoranne aux pieds des Albères, la Transhumance des mérens vous emmène loin du XXIe siècle. Pendant une semaine, vous retrouverez la tradition des éleveurs de montagne en rabattant juments, poulains de l’année et l’étalon de la ferme d’En Garcie. Que vous soyez meneur, rabatteur ou milieu, cette expérience sera, à coup sûr, un moment inoubliable dans votre vie de cavalière. Ajouter déf transhumance et tradition (économie Nathalie)

 

Briefing

L’excitation monte. Nous sommes à quelques kilomètres d’Andorre, au cœur du petit village de Porte-Puymorens (1 688 m). Avant le repas, il faut trier les équipements, préparer les selles, garnir les sacoches, prévoir les vêtements dans le genre pelure d’oignon, sans oublier couteaux de poche et lampes frontales. Les mérens sont rassemblés à côté du gîte. Impressionnante marée « noire » de trente chevaux. Les poulains restent flanqués à leur mère. Nous faisons connaissances de nos montures.

Au cours du repas, Nathalie nous attribue nos postes. Les meneurs seront chargés d’indiquer la direction et de veiller à barrer les passages à ne pas emprunter. Les milieux couperont le troupeau en deux. Les rabatteurs, eux, pousseront les chevaux et seront chargés d’aller chercher les bêtes égarées. Jean-Michel, propriétaire du Can de Loste, prendra la tête des meneurs. C’est lui le grand sorcier d’un itinéraire qui ne cessera de nous étonner.

Deux logisticiens font partie de l’équipe. Ils montent chaque jour le foin nécessaire et préparent nos repas.

Jour 1

Regroupement des cavaliers et du troupeau. Enfin, l’instant magique arrive. La barrière s’ouvre et les mérens déferlent. Direction Portella de Lanoux (2 468 m), le premier col. Nous laissons derrière nous un immense plateau désertique, passons l’étang du Lanoux et franchissons le col de Portella de la Grava. Le ton est donné. Les poulains sont curieux de tout et la moindre faille dans l’encadrement est immédiatement exploitée par eux. Nous nous dirigeons ensuite vers la station des Angles où nous empruntons la piste noire pour un galop d’enfer. L’arrivée se fait au lac de Matemale. Mais quatre chevaux ont profité de la nuit tombée et du brouillard pour choisir une autre destination. Les plus vaillants repartent pour… deux heures de recherches. Nous gagnons ensuite notre premier gîte où nous attendent repas et chambres confortables. Prendre une douche chaque soir sera le grand luxe de la randonnée.

Jour 2

Le soleil se lève sur le barrage du lac. Nous remontons en selle et franchissons la digue du barrage. Le bruit des sabots est majestueux et se répercute sur la vallée. Montée vers le col de Sansa (1 775 m) et la Jasse de Coume (1 857 m). Les mérens se faufilent avec une facilité déconcertante parmi les pierriers, les plaques de glace. Mais gare à leur garrot ! Du haut de leur 1,45 m ils passent sous les arbres sans coup férir, ce qui n’est pas le cas des cavaliers ! Les premiers bleus apparaissent. Montées et dénivelés s’enchaînent. Parfois le passage est tellement étroit que l’ordre nous est donné de marcher en « défilé ». Les changements de température s’enchaînent aussi : le pique-nique s’est effectué en tee-shirt mais les passages à l’ombre glaciale exigent de remettrent pulls et polaires. Les isards nous suivent pendant un bon moment tandis que des chevaux en plaine appellent leurs congénères.

La nuit tombe vite, d’autant qu’il n’y a pas de lune, et les derniers kilomètres se font sur la route. Devant nous le 4/4 nous indique toutes les entrées de chemin où les chevaux sont susceptibles de se faufiler. Aux meneurs d’en barrer l’accès. Arrivée sans encombre au gîte de Mosset.

Jour 3

Au menu de la journée, la traversée de quatre villages de la vallée du Conflent (Mosset, Llugols, Ria, Sirach) avec l’arrivée à Fillols, point de départ des randonnées pour le Canigou. L’altitude avoisine les 900 m). Sur notre passage les curieux se rassemblent et nous prennent en photo tandis que nous… les prenons en photo. Les anciens nous parlent des chevaux qu’on utilisait autrefois pour les coupes de bois, les vignes (en bas dans la plaine). La vigilance est de mise car les rues sont étroites et nos mérens plus habitués aux pâturages qu’au code de la route. La traversée de la N 116, avant Sirach, fait l’objet d’une vigilance extrême sous l’œil étonné des automobilistes qui voient débouler devant leurs chevaux-moteur la vague des Princes noirs.

Jour 4

Nous abordons la région des Aspres. Bien que l’altitude reste modérée, nous allons de crête en crête Millère, Clara, Form). Le passage des forêts de chênes-liège et de châtaigners contraste avec les plaines fruitières de la veille. Nous suivons le chemin sur lequel les ânes circulaient, aux XVIIIe et XIXe siècles, seul moyen de transport utilisable pour passer d’une vallée à l’autre et transporter le fer. Nos chevaux deviennent bien indisciplinés, ce qui nous permet de piquer quelques galops bien sentis pour rattraper les fugitifs.

Jour 5

Le réveil se fait de plus en plus difficile. Les chevaux, eux, sont en pleine forme. Direction Prunet-et-Belpuig (68 habitants), via quelques cols et la traversée du village de la Bastide. Un mauvais esprit fait remarquer que Jean-Michel ne connaît pas les lignes droites. Un autre, sans doute encore lucide, fait remarquer que nous devons contourner les contreforts du Canigou, ce qui explique le tour du Puig Roux.

Jour 6

Enfin les Aspres (le mot signifie aride en catalan), région caractérisée par son paysage de garrigue. « Au moins le mérens égaré y est plus repérable » lâche un cavalier légèrement fatigué.

Nous restons constamment sur les hauteurs, laissant à côté de nous des villages tels que Calmeilles et Oms. A la nuit tombée nous distinguons les lumières de la plaine du Roussillon. En revanche, la robe noire des mérens ne facilite pas la recherche des fugitifs. Nous piquons des deux pour les retrouver.

Arrivée à Vives.

Jour 7

Dernière journée officielle. Le réveil est déjà nostalgique. La journée se révèle sportive. Nous affrontons le passage sous l’autoroute, la voie ferrée (Perpignan-Le Boulou) et la RN 9. Les « Allez », retentissent et la « professionnalisation » des cavaliers se fait sentir. Les milieux sont en place et la confrontation avec le monde moderne se fait sans incident notable. Après la tension, Jean-Michel nous régale d’un superbe plongeon involontaire dans le Tech. La fraîcheur de l’eau lui fait le plus grand bien et c’est à vive allure (il a froid) que nous amenons notre troupeau jusqu’au pré où il se détend.

Dimanche, la fête

Dans le gîte de Can de Loste traînent d’étranges silhouettes aux jambes torves et à l’air harassé. Pourtant nous assurons une dernière cavalcade pour la plus grande joie d’un public venu nombreux pour le repas de midi. Au milieu des vignes, chacun revit sa semaine et parle déjà de revenir. Et, comme en colo, nous échangeons nos adresses. Nous reviendrons, impossible de faire autrement.

Debriefing

Quelque 250 kilomètres de parcourus de cols en crêtes pour redégringoler vers les vallées, la sensation d’avoir vécu une semaine hors du commun, entre nuages, isards, marmottes, forêts pétrifiées, contacts furtifs avec le monde moderne étonné de ce spectacle fabuleux. Points de suture, bleus et muscles fatigués ne nous empêchent pas de songer à être là pour les estives ou d’autres randonnées aux noms prometteurs : La chevauchée des crêtes, A cheval sur 3 frontières, Les lumières du Vallespir…

Autonomie mais aussi solidarité et responsabilité ont été là, fous rires, repas pantagruéliques ayant ponctué nos journées et nos soirées.

Un tout dernier avertissement : essayer le mérens, c’est l’adopté.

 

 

 

 

 

Encadré pratique

Nos gîtes

Gîte d'étape La Ferme d'En Garcie - 66 760 Porté-Puymorens - 04 68 04 95 44

Gîte d'étape La Dressère - 66 210 Formiguères - 04 68 04 46 45

Gîte d'étape  - 66 500 Molitg-les- Bains - 04 68 05 02 12 (mairie)

Gîte d'étape Mailloles - 66 820 Fillols - 04 68 05 66 46

Gîte municipal - 66 320 Baillestavy - 04 68 05 23 64

Gîte communal Can Parillou - 66 210 Prunet-et-Belpuig - 04 68 83 15 62

Gîte du Can de Loste - 66 740  Montesquieu-des-Albères - 04 68 89 85 20

 

Tout sur le tourisme dans les Pyrénées-Orientales : http://www.cg66.fr/

Tout sur l’histoire du Languedoc-Roussillon : http:/ /histoireduroussillon.free.fr

Tout sur le tourisme équestre dans les Pyrénées : http://www.equipyrene.com

Contacter nos guides : nathalie.komaroff@wanadoo.fr/candeloste@free.fr

Le site : www.can-de-loste.com

La saga du cheval noir

Originaire de la Haute Vallée de l’Ariège, le cheval de Mérens (il y a peu encore classé poney en raison de sa taille) présente d’étranges ressemblances avec des peintures magdaléniennes retrouvées dans la grotte de Niaux (Tarascon-sur-Ariège). Taille, profil du crâne, les similitudes sont étonnantes. Ainsi ce petit cheval pourrait être l’héritier génétique de ces chevaux sauvages qui se seraient réfugiés en haute montagne à la fin du quaternaire pour fuir le réchauffement climatique (déjà !)a. Cette race de montagne, sous robe noire, se caractérise par son endurance, son pied extrêmement sûr, sa robustesse. Ses qualités de montagnard en font le compagnon idéal pour les randonnées, sans compter son naturel doux et confiant qui permet à son cavalier, même débutant, de se sentir à l’aise.

www.chevaldemerens.com

 

La transhumance, une tradition d’avenir…

Cinq mois par ans, de mai à octobre, les mérens sont en pâturages d’estive (d’été) dans les montagnes d’Ariège. Ils y trouvent les conditions de vie de la harde originelle, sans autre gardien que l’étalon, sans autre clôture que les sommets de la frontière. A l’automne, ils sont redescendus vers la plaine, là où l’herbe est plus grasse. La transhumance se pratique également pour les les bovins et les ovins.

Elle permet en outre l’entretien de sentiers et la mise en place d’un « éco-tourisme », soucieux de préserver et d’entretenir l’environnement. Les accompagnateurs ont été formés par le Bureau des guides équestres transpyrénéens. Ils assurent votre sécurité par leur excellente connaissance de l’environnement de montagne et leurs qualités de cavaliers.