Angèle au pays de la Tramontane | ||
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Votre passion, ce sont les chevaux. La preuve, vous êtes en train de lire votre magazine hippique favori. Mais est-ce bien suffisant pour en faire son métier ? Suivons ensemble le parcours, d’Angèle, 23 ans, qui vit dans les Pyrénées-Orientales d’un métier qu’elle a superbement consolidé par des études « béton ».
Une tête bien pleine Angèle vous ressemble sûrement : gamine passionnée par les chevaux, jolie comme un cœur. Elle commence classiquement par passer ses premiers galops à Montpellier où elle vit avec sa famille. Les vacances se déroulent en Cerdagne (prenez votre dictionnaire aux pages Noms propres), dans les montagnes au-dessus de Perpignan. Si vous préférez le bitume, à fuir absolument. Mais si vous aimez le ciel qui se découpe sur des vallées glaciaires, les balades à 1 700 m, alors l’endroit est fait pour vous. En tout cas, Angèle s’attache au village de la Llagonne, qui le lui rend bien à travers les personnes d’Yves et Claire, propriétaires du centre de tourisme équestre Les Chevaux de la tramontane. Attention, là-bas, on randonne, on découvre mais ce n’est pas un club d’apprentissage équestre. Et Angèle y donne un coup de main à partir de ses 12 ans. Elle continue ses études classiques jusqu’en seconde (papa, enseignant veille, maman qui travaille aux prud’hommes aussi) mais son objectif est clair : elle veut travailler en milieu agricole. Et, pour une fille de la ville, il y a une solution, passer un bac professionnel agricole. Pour elle, c’est la filière Production animalière en Lozère. A 200 km au nord de Montpellier, ce qui signifie l’internat. Ce bac en poche (allergiques aux matières scientifiques, s’abstenir), Angèle continue à s’occuper l’été (en salariée) de l’accueil et des soins aux chevaux à la Llagonne. Ce qui n’est pas rien car si vous allez sur le site, vous verrez que nos deux fondateurs ont plus d’une idée dans leur besace et que, en leur absence, pour une promenade de quelques heures ou plusieurs jours ou lorsqu’ils ont… en Mongolie (à 10 000 km, à l’est de la Llagonne, capitale Oulan Bator), il faut être solide pour s’occuper du centre. Car bien évidemment ces messieurs dames Haflingers et poneys ont besoin d’attention constante, sans compter les cavaliers randonneurs !
Toujours plus cultivée Comme si le bac ne suffisait pas, Angèle enchaîne sur un BTS Gestion Protection de la nature. Car sa grande idée c’est cela : exercer un métier en lien avec la nature, pour pouvoir la protéger. Ce qui exige des très bonnes compétences. Enfin, pour pouvoir vraiment travailler à temps plein avec Yves et Claire, elle passe en 2005 son BAPA tourisme équestre, sans avoir oublié l’élémentaire mais indispensable Attestation de formation aux premiers secours (AFPS) dont le nom a changé depuis cette année. En cas de bobo, de malaise, c’est toujours très utile. Et c’est sur toutes ces bases-là qu’Angèle est payée au-dessus de ce salaire minimum qu’on trouve très souvent dans les centres équestres. Effectivement, quand les « patrons » ne peuvent pas être là, tout tourne, de l’accueil des randonneurs aux soins aux chevaux en passant par la comptabilité. Une vraie perle ! Ou plutôt, une jeune fille moderne qui a sacrément bien conduit sa route (je vous réserve ses projets pour la fin).
Des journées bien remplies Angèle est sur place à 7 h 30 pour s’occuper de la trentaine de pensionnaires. Certains vont descendre au pré, d’autres restent là. A 9 heures, il faut seller car les premiers randonneurs arrivent. Et même les tout-petits peuvent participer grâce aux selles biplaces. Angèle se charge des promenades en étoile autour de la Llagonne et rentre donc vers 11 h 30. Les montures réclament soins et grains. Mais, comme si cela ne suffisait pas, il faut nettoyer les litières, garder au centre un aspect accueillant et plaisant. Lorsque cette première partie de journée est finie, elle peut enfin s’accorder un peu de détente et… manger. A 14 heures, les promenades recommencent. Sans oublier qu’encadrer des cavaliers qui montent rarement signifie avoir l’œil sur leurs aptitudes, leur technique. Pour qu en revenant de la promenade les bons souvenirs soient au rendez-vous et non pas les frayeurs. Ce qui serait très dommage car les paysages ici sont magnifiques : montagne, vallées, lacs, sentiers à l’écart des voitures. Et aux Chevaux de la tramontane, on revient d’une année sur l’autre, signe de qualité. L’été les promenades peuvent se terminer vers 21 heures pour profiter au maximum de la lumière qui joue sur les crêtes. Pied à terre et… soins à nouveau. Des journées qui se répètent dans une autre lumière l’hiver car Angèle travaille toute l’année, ce qui est rare en tourisme équestre.
Ses projets Je vous les avais promis. Elle aimerait partir un jour à l’étranger avec son compagnon, charpentier, monter sa propre structure, pourquoi pas une ferme pédagogique. Elle aimerait pouvoir accueillir des familles, des classes. Elle aimerait… Bref, elle fourmille d’idées, toutes en accord avec sa passion pour la nature et sa préservation. Et elle le fera ! En attendant Claire et Yves veillent à leur façon sur elle, avec fierté et confiance. Parce qu’elle le vaut bien !
Dominique-Laurence Repessé
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